Bienvenue sur mon blogue

Vous trouverez ici les hauts et les bas de mes humeurs culinaires, des astuces de cuisine et des informations sur mes marchés. Bonne lecture!

Les petits pois

Lorsque George Orwell imaginait l’avenir, il pensait à 1984. Maintenant, en 2013, nous avons réalisé son rêve, ou du moins, nous avons tout fait pour créer Big Brother. Nous, c’est à dire les petits pois. Chacun dans notre cosse culturelle, nous avons accepté que l’électronique devienne notre sang et notre chair. Que l’heure du rendez-vous soit désormais sacrée. Que l’exception humaine ne confirme plus la règle mais indique la déficience. Nous sommes les esclaves de nos rêves, qui sont désormais téléguidés par l’industrie du web. Les petits pois n’ont pas de médecin de famille, pas de garderie gratuite, pas de vacances quand ça leur tente, pas de temps pour cuisiner, pas d’espoir de voir la fin de leur endettement. Ce sont les manants du Nouveau Moyen-Âge, le quel ressemble beaucoup à l’original: une poignée de super riches vivent comme des Seigneurs et ne cessent de se faire du souci pour ce qu’ils vont faire de leur avoirs. Pendant ce temps-là, les petits pois massèrent dans leur jus de douleur et produisent, sur la foi du nécessaire, de la richesse pour les riches, de l’endettement pour les autres.

Ce qui ne nous empêche pas de les aimer. Les petits pois. Surtout avec des cubes de lard sautés à la poêle, et de petites tomates cerises coupées en deux. Processus: faire sauter le lard, puis ajouter une tasse de bouillon (de poulet ou, comme c’est la cas ici, de lapin). Ajouter les petits pois et cuire une ou deux minutes à feu assez vif, pour que le bouillon réduise. Mettre ensuite quelques gourganes, les petites tomates et le tour, comme dit le magicien, sera joué. Poivrer un peu, ne pas trop saler, le lard l’est sans doute. S’il n’est pas salé, comme le fabuleux petit lard de Gaspor, c’est encore mieux. Moi, j’aime bien que ce plat accompagne le flétan à la salsa verde de Diane, avec un petit verre de Furmint.

Vous me direz, ce n’est pas normal. Le Chaos n’a pas besoin de petits pois. Surtout cuisinés. C’est exact. C’est pour cette raison justement que j’essaie de regarder pousser les framboises, qu’un petit faon qui passe dans mon jardin de me ravi, que mes amis sont tous des détraqués,
(dans le sens: hors de la track) et que le seul bonheur des pauvres petits pois réside dans la capacité qu’ils ont de créer du bonheur avec presque rien. La cuisine est le dernier bastion de l’indépendance oubliée.
DSC_0105

Les commentaires sont fermés.

 

 
 
previous next