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L’affaire est chocolat

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IMG_3199Le chocolat, c’est un complot. Une sorte de vendetta du bonheur, dans un monde cruel et sans-cœur. Heureusement, personne au monde ne peut avoir des pensées sombres au moment de goûter chocolat. Impossible. Techniquement, vous dira mon ami Albert le magicien, le chocolat est du bon côté de la vie pour ce qui est de mettre le monde en santé. Artistiquement, le chocolat est à la gastronomie ce que Lolita est à la littérature : un péché formidable, inoubliable, essentiel.

Toutefois, en matière de chocolat-cochonneries, il faut du discernement, sinon de la concupiscence. La chose s’aborde avec la même concentration précise que le démineur qui s’attaque à une bombe à retardement. Car, avant l’explosion noire sur la langue, il faut une surface mentale pure, préparée à recevoir la décharge, pour qu’ainsi le métissage soit aussi resplendissant que parfait. Nous parlons ici de l’art de placer sa luette sous influence, ses papilles sous catatonie, ses sens sous injection de plaisirs si intenses qu’ils peuvent devenirs, à l’usure, pratiquement mortels. La beauté est toujours dans l’excès, juste avant le trop…définitif. Quelques pâtissiers ont compris qu’il ne s’agit pas d’épater mais de faire jouir. Il n’est pas question de sensations étriquées mais de réel orgasme. Le chocolat est à ce prix : totalement obscène, ou désespérément banal.

Je songe à créer une brigade du chocolat, un peu à la Elliott Ness, pour triller le bon grain de l’ivraie. Pour joindre cette équipe, il faudra ne pas avoir atteint l’âge de raison et être capable des pires extases.

Photo 1: au Mirazur, chez Mauro Colagreco, à Menton • Photo 2 : Chez Normand Love, à Naples, Floride.

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