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Le renard

IMG_3359En 1465, celui qui pouvait lire les cartes marines dans la bibliothèque de Cristoforo Moro, Doge de Venise, pouvait percer de cette façon les secrets des plus puissants de l’époque. En 1926, celui qui savait lire le Mystère des Cathédrales de Fulcanelli pouvait soit disant transformer le fer en or sur son poêle de campagne. En 2013, celui qui peut entrer dans la mémoire de mon ordinateur, y lire mes mémoires et y trouver les codes cachés des vendeurs de bébelles invisibles électroniques, celui-là peut faire fortune sans sortir de son fauteuil et acheter un yacht italien pour se promener éventuellement autour du monde. Ainsi, lorsque je regarde la marmotte que je viens de prendre au piège avec une patate et un céleri, je me trouve vraiment supérieur dans le genre mammifère. Et je regarde courir les nuages de juin sur l’horizon, en pensant à tous ces secrets qui sont enfouis dans nos esprits, dans notre sang et dans nos machines, des secrets pour comprendre le monde et savoir comment y vivre. Et je regarde l’herbe surgir de terre en une nuit, le pommier à ma fenêtre, chargé de fleurs le matin et le lendemain, couvert de bourgeons invisibles parmi les milliers de petites feuilles vertes. En face, la montagne grise pendant sept mois tout à coup devient verte comme l’émeraude. En quelques heures. L’oiseau sur la corde à linge chante un concerto de Mozart, indifférent au rap et autres hésitations du langage. Il chante ainsi depuis 1525, certainement. Au milieu de ma cour, il est assis sur sa queue et il glapit, comme pour dire : hé! les mecs! Où c’est que vous m’avez mis mes poules, là? J’ai un petit creux, franchement. Pis le coup du fromage tombé du corbeau, merci bien. Je ne suis pas tombé de la dernière pluie. C’est lui, avec son museau pointu et sa belle fourrure rousse, qu’on dit le plus malin. Donc, je vais nettoyer les morilles que Diane a achetées chez Délices forestiers hier au marché et faire une belle salade de pousses vertes de toutes sortes, à peine sorties de terre. Puis faire une sauce pour y mettre les pâtes. Et boire tranquillement un Chablis et un Picpoul avec Diane et Anne-Marie, sur la petite galerie. En somme, et pour conclure, il me semble que la nature contient plus de réponses à la vie que l’ensemble des mystères résolus par l’homme, incluant la vitesse de la lumière, histoire de comprendre le monde et savoir comment y vivre. Le renard est beaucoup plus malin que la plupart des banquiers, ça, ça ne fait aucun doute. Plus malin que l’homme, un peu moins que la nano bactérie qui prépare sa conquête de notre planète, en bouffant l’intelligence des plus arrogants en premier. Il faut rester bien tranquille, pour comprendre.

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